« Quand on en sort, on ne peut qu’être fier du chemin qu’on a fait! »

Salut Julie,

Peux-tu te présenter rapidement pour les lecteurs de ClubMedecine.fr?

Je m’appelle Julie et je suis étudiante en 4e année de médecine à la faculté de Lyon-Est.

Pourquoi as-tu décidé de poursuivre des études de médecine et d’aller en PACES?

Pour moi la question de l’orientation a été compliquée ^^. La seule chose que je savais c’était que je finirai plus ou moins proche du milieu médical. J’ai commencé par partir sur l’idée d’infirmière, pour me rendre compte que j’allais m’ennuyer. Puis à quelques semaine des concours infirmiers, je suis tombée sur une sage-femme géniale qui m’a donné envie de partir dans cette voie-là. En plus, le concours de PACES est basé principalement sur la capacité à ingurgiter des données, donc je me suis dit que ça pouvait se tenter. Au final, après 2 années de PACES (quand même), je me retrouve avec un méga classement et le choix entre médecine (que j’avais un peu mit “au cas où” sans y croire du tout) et sage-femme. Aujourd’hui, je ne peux toujours pas dire que je suis sûre de moi à 100%!

Peux-tu nous dire quel a été ton classement en PACES? Etais-tu primante ou doublante? Quelle filière as-tu choisi?

Mon classement pour mon année de bizuth (primante) au premier semestre 1288/2277, et au semestre suivant j’avais remonté quelques places pour me hisser au rang de 919/1855. Année pas folle mais c’était pas la catastrophe non plus. Et pour ma deuxième PACES, je croisais les doigts pour avoir un classement à 3 chiffres au premier semestre (j’espérais les 600 pour viser sage-femme). Et quelle surprise quand j’en ai vu 2! Oui, après relectures du tableau, 78^ème/2271.

Conclusion, j’ai passé le concours de sage-femme comme prévu, mais j’ai rajouté la filière médecine (le fameux « au cas où »). Un joli coup de poker pour moi qui m’a ouvert les portes de cette belle filière… 222/340.

Tu as donc choisi d’aller en médecine, qu’est ce qui t’attire dans ce métier?

L’argent bien sûr!! (Non, je plaisante!) J’ai toujours trouvé que c’était passionnant en fait. Et il y a tellement de choix possibles dans une seule filière, c’est assez déroutant d’ailleurs! Je ne sais pas vraiment où je vais finir. C’est en partie ça qui m’a fait choisir médecine plutôt que sage-femme, le choix. En sage-femme, c’est génial aussi comme métier, beaucoup plus doux et un contact avec les personnes encore plus intense, je trouve.

Mais le souci pour moi, c’est qu’une fois choisi cette voie, il n’y a pas de perspectives d’évolution de poste (ou presque). Et comme j’ai un gros problème pour me fixer sur une orientation précise, c’était plus logique que j’aille là où j’ai le plus de possibilités. Et d’ailleurs, ayant été acceptée dans les deux filières à la fin de ma PACES, j’ai ce qu’on appelle « le droit au remords ». En gros, je peux dire que j’ai pris la mauvaise décision et retourner en 1ere année de sage-femme, grosse perte de temps mais la porte n’est pas fermée.

Quelle a été ta plus grosse appréhension avant d’aller en PACES?

Ma plus grosse appréhension? Ohhh bah de débarquer avec des gens complètement inconnus pour moi, puisque je suis arrivée avec 1 an de retard. Mes anciennes connaissances du lycée ont été pour la plupart virées ou ont abandonné après une première année ratée. Et puis plus de 2000 élèves, c’est quand même quelque chose. Mais sinon, à part ça, j’y suis allé très sereine.

Avais-tu une tactique particulière vis-à-vis des différentes matières dans la façon de les aborder? Comment faisais-tu pour apprendre tes cours?

La première année je faisais un peu comme j’avais envie et beaucoup chez moi (seule) vu que je ne connaissais quasiment personne. Mais franchement, très mauvaise idée! Pour moi en tout cas. Mes pauses n’étaient pas du tout efficaces je me détendais pas et du coup je bossais mal. C’est seulement au deuxième semestre, quand j’ai commencé à faire des pauses de 40 min-1h à 16h, et que j’étais avec des gens adorables, que mes classements sont magiquement remontés. Après je sais que ça marche pas pour tout le monde hein, mais chacun sa technique. Moi, je suis d’avis que les pauses sont autant importantes que les temps de travail. Faut savoir doser comme on le sent pour que nos classements soient corrects.

Après, niveau matières, pour le premier semestre on a autant de matière à cœur qu’à réflexion. Pour la réflexion, ça se travaille globalement comme au lycée: on apprend un peu la leçon mais SURTOUT on s’entraine. On apprend quasiment par cœur les exercices « types » qui tombent à chaque fois, c’est des points de gagnés facilement. Puis, pour les matières à par cœur, il n’y a pas vraiment de secret: il faut connaitre son cours parfaitement pour trouver la réponse aux questions rapidement.

Au deuxième semestre, on a principalement des matières à par cœur (anatomie, pharmacie, spé médecine avec beaucouuuup d’anatomie encore(!) et autres…). On a aussi une joli dissertation à faire de « santé-société-humanité » à coefficient très élevé! Ne me demandez pas de conseil la dessus: 6,4/16 la première fois, et à peine 7.6/16 la fois d’après. ^^ Jamais la moyenne la-dessus.

Niveau alimentation, comment gérais-tu la chose? Plutôt mal-bouffe rapide ou tu essayais de manger sain? Tu cuisinais toi-même?

J’habitais avec mon copain de l’époque, qui me faisait quasiment toujours à manger pour le soir. Le midi, soit j’avais les reste du soir dans un Tupperware, soit je m’achetais des sandwichs ou autre salades sodebo du carrefour à coté de ma prépa ☺.

Au niveau du sommeil et de la nourriture, as-tu changé quelque chose en particulier pour cette année?

Nourriture rien du tout, c’est vraiment pas l’année où faut faire attention. Toujours mon petit paquet de bonbon sur le bureau pour des bolus de sucre aux moments où mes paupières chutaient.

Et niveau sommeil, dormez!!! Moi je faisais des nuits de bien 8-9h tous les jours + la petite sieste d’une 15aines de minutes en début d’aprem, parce que la digestion c’est dur!!

Etais-tu une bonne élève au lycée? Penses-tu que la fac est la continuité du lycée ou alors penses-tu que ce sont deux choses complètement  différentes et qu’on repart de zéro?

Pour moi ça n’a rien à voir en fait. Ça dépend carrément des gens. Au lycée c’était plutôt « je fais le minimum pour avoir mon 12-13 de moyenne générale », petite mention assez bien au BAC, sans plus. Mais quand je suis arrivée en médecine je savais dans quelle m**** je me lançais ^^ du coup je me suis motivée et bougée pendant 2 ans. Et ça paye!

Etais-tu en couple pendant cette année de PACES? Si oui, comment as-tu vécu cette année? Ca s’est bien passé?

Oui. J’ai eu une relation qui a duré 7 ans et qui s’est terminée 2 mois avant le dernier concours. Est-ce que c’est la faute de la PACES? Est ce que c’est le fait qu’on vivait ensemble et que du coup j’accordais moins d’importance à passer des moments «prévus » avec mon copain le weekend? Est-ce que c’est le fait que j’étais tellement fatiguée que j’étais aussi intéressante qu’une huitre le soir quand je rentrai? Ou c’est lui qui en a eu marre que je rentre à 19h tout les soirs et me couche à 21h? Je ne sais pas, surement la combinaison de tout ça. En tout cas ça a finit par éclater.

Les derniers mois je disais à ma meilleure amie qu’on était «coloc». On ne mangeait plus ensemble, on s’engueulait constamment car je ne pouvais pas m’occuper des repas ou de faire une peu de rangement ou ménage car je donnais tout mon temps à la PACES. Avec mes résultats sous les yeux, je m’en étais un peu voulu sur le coup. Je m’étais dit que j’aurais pu lui accorder plus de temps et atteindre quand même mon objectif de sage-femme sans problèmes. Mais maintenant, j’ai encore plus relativisé et je me dis qu’on avait surement besoin de changer lui comme moi, et que si nos vie étaient si différentes et qu’on n’arrivait pas à les accorder c’est que de toute façon ça n’aurait pas tenu bien plus longtemps.

Honnêtement? Je n’ai pas vu beaucoup de couples tenir quand l’un est en dehors de médecine la première année. J’ai un seul exemple en tête! C’est vraiment compliqué de tout gérer en même temps, surtout si la personne en face vous reproche de vous y mettre à fond. Faut que ça soit clair dès le début.

Plutôt Tutorat ou plutôt Prépa? Pourquoi?

Les deux! Prépa car ça permet de rencontrer des gens, d’avoir un lieu de travail plus restreint et le double d’entrainements et de classements pour s’évaluer.

Tutorat pour le fait que quasiment toute la fac y participe car c’est gratuit, du coup classement plus représentatifs du concours et souvent les colles sont relues par les profs. Du coup un peu modifiées quand ils estiment qu’elle est trop dure ou qu’ils n’auraient pas fait de piège sur telle ou telle chose.

Peux-tu nous dire comment tu découpais ta journée? A quoi ressemblait, grosso-modo ta journée type?

Alors la journée type c’était:

• Réveil à 7h, petit déj (obligatoire pour réveiller le cerveau), préparation, vérification d’avoir suffisamment de feuilles et autres cours que je veux bosser pour ma journée.
• Départ de la maison à 7h40. Arrivée à la fac pour le début des cours 8h-8h15 selon les endroits.
• Pause de 15min à 10h. repooooos. Reprise d’un nouveau cours jusqu’à 12h15.
• Repas, une bonne coupure pour moi, je reprenais vers 13h30-45 jamais avant.
• Boulot (+petite sieste donc en début d’aprem si mes yeux fatiguent)
• Pause sur le coup des 16h, quelques gateaux et autres cochonneries pour se redonner un peu d’énergie et on retourne au boulot vers 16h45-17h selon l’envie de la journée en gros.
• 18h30 fin du boulot pour ma part, voire avant si j’en peux plus (oui les pauses chez moi c’était VRAIMENT essentiel). Sauf les lundis, soir de tutorat justement où l’épreuve commence vers les 18h30 et donc je rentrais plus tard.
• Ensuite repas, douche. Et gros dodo jusqu’au lendemain. J’en ai même oublié l’existence de la télé, des infos, … sérieusement. C’était une vie de robot, mais elle me permettait d’avoir des repères et d’être en forme et vraiment concentrée pour mes moments de boulots.

Je trouve que ça ne sert à rien de se forcer à bosser quand on arrive pas à se concentrer, on va prendre l’air, se détendre, et ensuite on reviens pour travailler plus efficacement.

Généralement, avant les périodes de vrai révision pré-concours, je prenais 2 à 4 jours de pause complète où je rentrai chez mes parents, je bossais un peu le matin de 8h à 12h et l’après midi je me détendais. Et comme ça j’étais de nouveau d’attaque pour mes révisions à mon retour.

Méthode très personnelle que peu de personnes comprenaient à ma prépa. Les gens ont tendance à beaucoup se reprocher de prendre du temps pour eux, mais tout dépend du besoin qu’on a. Les gens qui craquent car ils poussent trop leur limites il y en a plus qu’on le croit…

La PACES c’est un marathon sur 2 ans! Il faut savoir se modérer. ☺

Comment c’est la L2? Est-ce que c’est bien? Un petit mot pour motiver les étudiants en PACES ?

La P2, comme on dit chez nous, c’est (enfin) LIBEREEEEE, DELIVREEEE, JE N’ETUDIERAIIII PLUS JAMAIIIS! Jusqu’au premier partiel où on se rend compte qu’il va quand même falloir faire un petit quelque chose pour éviter les rattrapages. Mais si on gère bien son temps on a un max de temps libre, et ça fait du bien! Quand on a des vacances on les prend! Si si, je vous jure, c’est possible. 😉 Y a des soirées toutes les semaines pour ceux qui aiment ça.

Mais, gros point négatif pour moi, on perd l’ambiance des amphithéâtres, vu que plus personne ne va en cours quasiment. On voit moins les gens de notre promo, sauf s’ils bossent avec nous. On perd les chants et les avions en papier qui dansent dans les amphis pendant les cours. Et ça c’est triste (#nostalgie).

Avec le temps qui est passé, quel recul as-tu sur cette fameuse année de PACES? Bon ou mauvais souvenir?

Deux de mes meilleures années, j’ai rencontré des gens géniaux. Appris tellement de chose que j’étais sûre de jamais pouvoir retenir. Quand on en sort, qu’on soit dans la filière voulue ou pas, on ne peut qu’être fier du chemin qu’on a fait! C’est tellement rare d’être fier de soi. Après c’est sûr que quand on « rate » c’est plus difficile à passer… mais tout ceux que je connais ne regrette pas d’avoir fait deux ans et ils sont quand même fiers d’avoir réussi à survivre ces 2 ans.

Y’a t-il une méthode secrète pour réussir sa PACES? ☺

Pour moi, un truc tout bête mais essentiel, savoir s’écouter, se reposer quand on en a besoin. S’entourer de personnes qui nous tirent vers le haut, qui nous soutiennent quand ça va pas et qui prennent 15 minutes, voire même 1h en cas exceptionnel, pour vous aider et vous montrez comment faire quand vous avez un problème pour comprendre ou faire un exercice type. Et le point le plus important pour moi: avoir confiance en soit, se dire qu’on va tout défoncer. Pour moi le moral, le jour du concours plus que n’importe quel autre jour, ça fait 50% du résultat!! Si on a peur et qu’on pense tout foirer, c’est la panique assurée à la moindre question à laquelle on n’arrive pas à répondre. Respirez un bon coup et allez-y. Mais pour être sûr de soi il faut être entrainé un maximum.  Fonctionner comme un robot.

Un petit mot de la fin? As-tu quelque chose à ajouter ou un conseil à donner pour les futurs étudiants en PACES?

Toujours relativiser, même si on a une vocation. Il existe tellement d’autre métiers que la médecine. Moins vous stresserez et plus vous serez concentrés sur vos cours. Ne jamais se dire « je suis entrain de jouer ma vie ». Ça arrive toujours mais il faut refouler cette idée qui fait carrément peur!

Et puis bonne chance à tous ceux qui se lance dans cette longue et belle aventure!