Salut Ruth,

Peux-tu te présenter rapidement pour les lecteurs de ClubMedecine.fr?

Je m’appelle Ruth, j’ai 27 ans, je suis interne en 6ème et dernier semestre de médecine générale sur Strasbourg.

Pourquoi as-tu décidé de poursuivre des études de médecine et d’aller en PACES?

Uniquement pour suivre ma vocation, ma passion: pratiquer la médecine légale. Je veux faire ça depuis l’âge de 13ans, ça a été et c’est toujours ma seule motivation.

Peux-tu nous dire quel a été ton classement en PACES? Etais-tu primante ou doublante? Quelle filière as-tu choisi?

J’étais doublante. A l’époque on parlait de P1 bizu et P1 carré (doublant).

La première fois, j’ai été classée 234/1000, j’avais sage-femme uniquement. La deuxième fois j’étais classée 74. J’ai donc choisi médecine sans hésitation.

Tu as donc choisi d’aller en médecine, qu’est-ce qui t’attire dans ce métier?

Comme dit ci-dessus, la médecine légale. Mais je pourrais vous en parler des heures, ce qui n’est pas le propos de cette interview! C’est une vraie passion pour moi. Cette spécialité est tellement passionnante, dense, variée. C’est une approche bien différente de la médecine « classique » quelle que soit la spécialité d’ailleurs.

Cette pratique me correspond entièrement et c’est uniquement pour exercer la médecine légale que je me suis lancée dans ces études.

Quelle a été ta plus grosse appréhension avant d’aller en PACES?

Après longue réflexion, très honnêtement, je ne pense pas avoir eu d’appréhension.

J’avais hâte de quitter mes parents et d’être autonome et indépendante et ce, à l’âge de 17ans. Et c’était pour suivre les études dont je rêvais donc je ne pense pas avoir eu d’appréhension. Je suis de nature un peu sauvage et donc la difficulté de cette année et me retrouver seule dans un petit appartement ne m’a pas effrayée. Cette filière était une évidence.

Avais-tu une tactique particulière vis-à-vis des différentes matières dans la façon de les aborder? Comment faisais-tu pour apprendre tes cours?

J’ai une mémoire visuelle. Donc je réécrivais tous mes cours inlassablement pour au final, les recopier par cœur. J’avais des cahiers de brouillons par dizaines, tous remplis de gribouillages.

Après, chaque méthode est très personnelle et ne convient pas à tout le monde.

D’autre part, durant ces 2 années, j’étais inscrite en prépa ce qui m’a beaucoup aidé tant sur le plan de l’apprentissage, mais aussi sur le plan social puisque je profitais de cette prépa pour rencontrer mes collègues, discuter, voir d’autre personnes que le poisson rouge qui trônait sur mon bureau! Cette prépa a été d’une grande aide psychologique puisqu’elle m’a permis de garder un lien avec « l’extérieur », tout en m’aidant dans l’apprentissage de mes cours. Un rythme hebdomadaire été instauré avec chaque semaine un module à apprendre, un examen dessus, une correction et bien sur un classement. Donc ça met la pression mais pour la bonne cause.

T’es-tu aidée de livres en particulier durant cette année? Si oui, lesquels?

Non, absolument pas. Le concours portant uniquement sur les cours de la faculté, je ne me suis pas aidée de support autre que les cours magistraux.

Niveau alimentation, comment gérais-tu la chose? Plutôt malbouffe rapide ou tu essayais de manger sain? Tu cuisinais toi-même?

La question piège! Ma mère me faisait de temps à autre des plats que je mettais au congélateur. Je hais cuisiner donc c’était un peu compliqué… et ça l’est toujours!

Au niveau du sommeil et de la nourriture, as-tu changé quelque chose en particulier pour cette année?

Forcément, j’ai dû diminuer mon temps de sommeil la première année, car je travaillais jusqu’à minuit tous les soirs hors week-end. Mise à part ça non, je n’ai rien changé. Rien ne sert de se dérégler. Le but n’est pas d’arriver complètement épuisé au concours.

Où travaillais-tu? Chez toi ou à la bibliothèque? Pourquoi?

Durant mes deux P1, j’ai travaillé exclusivement chez moi. J’aurai été bien incapable de me concentrer à la BU avec tous les autres autour.

Chez soi on est libre de travailler comme on le veut; à titre personnel c’était en pyjama, en tailleur sur ma chaise!

Etais-tu une bonne élève au lycée? Penses-tu que la fac est la continuité du lycée ou alors penses-tu que les deux sont deux choses complètement différentes et qu’on repart de zéro?

J’étais une bonne élève oui, mais sans être une excellente élève!

Je pense que la faculté est la continuité du lycée dans le sens où la rigueur et la façon dont on travaille ne peut pas s’acquérir en faculté surtout en médecine. Dans le cas contraire, cela signifie prendre beaucoup de retard. Et en P1, cela est impossible, on ne peut pas se permettre de prendre quelques semaines pour s’adapter, pour trouver sa façon de travailler. Néanmoins, le niveau au lycée ne prédit absolument pas de la réussite au concours. Un de mes meilleurs amis a fait un bac L et aujourd’hui il est un de mes co-interne. A contrario, certains vont obtenir la mention TB au bac S et ne réussiront pas la PACES.

Etais-tu en couple pendant cette année de PACES? Si oui, comment as-tu vécu cette année? Ca s’est bien passé?

Mariée à mon bureau et amante des bancs de la faculté… !

Peux-tu nous dire comment tu découpais ta journée? A quoi ressemblait, grosso-modo ta journée type?

Il me semble qu’on avait cours que les matins (de ce que je me souviens!).

L’après-midi, je rentrais chez moi et ne bougeais plus de mon bureau avant minuit! Ca, c’était le rythme durant ma P1 bizu. Je travaillais mes cours avec l’aide précieuse de mon dictaphone (branché systématiquement pour tous les cours) et mon appareil photo (indispensable pour les schémas d’anatomie). Je complétais ainsi tous les cours magistraux du matin. Ensuite je revoyais tous les cours de la semaine. Pas d’autre secret que de potasser encore et encore.

A l’époque, je n’avais ni ordinateur, ni internet, ni télévision. Je n’avais pas d’autres choix que de lire et relire mes cours, faire des annales.

Heureusement, les journées étaient également marquées par les cours, examens et corrections de la prépa où j’étais inscrite. Cela faisait une pause dans ma journée de travail et me permettait de me socialiser un peu!

Travaillais-tu en groupe? Pourquoi?

Non, hors de question! Personnellement, je suis incapable de travailler en groupe: impossible de me concentrer à 100% et pas de temps à perdre en groupe. Et, mine de rien, c’est un concours, chacun pour soi.

As-tu trouvé la transition entre le lycée et la fac très difficile? Pourquoi ?

Non, pas du tout. Parce-que, et sans m’en vanter, je travaillais déjà bien au lycée sans difficultés d’apprentissage. Ensuite parce qu’on a débarqué à la faculté entre amis, mon groupe d’amis du lycée. Ca a été un réel support d’avoir autour de soi des gens que je connaissais sur qui je pouvais compter.

Y’a t-il une méthode secrète pour réussir sa PACES?

Eh oui… il y en a une: la motivation! Et cette méthode engendre forcément la rigueur, le sérieux, la régularité. Il faut savoir pourquoi on se lance dans ces études, pourquoi est-on prêt à sacrifier une année entière (voir deux) de sa vie.

C’est une année éprouvante physiquement et psychologiquement où nous sommes isolés de relations familiales, sociales, dans un stress permanent. Il n’y a qu’en étant motivé à 300% qu’on surmonte tout ça « plus facilement ». Et, bien sûr, il faut savoir bien s’entourer. Avoir des amis sur qui on peut compter est très important.

Tu es aujourd’hui interne. Avec le temps qui est passé, quel recul as-tu sur cette fameuse année de PACES? Bon ou mauvais souvenir?

Excellent souvenir. Eh oui je vous assure!!

Ma première P1 a été certes éprouvante, mais je savais pourquoi je le faisais et j’étais très bien entourée de mon groupe d’amis. Ma deuxième P1, étant donné que j’avais de bonnes bases, j’ai moins bossé et plus profité avec mes amis de faculté, également doublants. On a pris plus de recul, on s’est tous entraidé, l’ambiance était géniale. Et finalement, on s’est présenté au concours plus serein.

Comment se passe l’internat?

Génialissime. On atteint le statut de médecin (enfin!) avec tout ce qui va avec : les responsabilités (toujours séniorisées, pas d’inquiétude), le contact avec les patients et les familles, la considération, la reconnaissance de ses pairs ou des patients… on fait de très belles rencontres (co-internes, chefs, équipes médicales), on apprend tellement chaque jour.

Donc ça vaut le coup de trimer la première année! Même si les années qui suivent sont tout autant difficiles, l’internat est la période où tous ces cours théoriques deviennent concrets et où on peut s’épanouir pleinement.

Un petit mot de la fin? As-tu quelque chose à ajouter ou un conseil à donner pour les futurs étudiants en PACES?

N’écoutez personne autour de vous: ceux qui diront qu’ils ont bossé jusqu’à trois heures du mat’ : c’est faux; ceux qui diront qu’ils ne bossent pas: c’est faux.

Foncez. Le plus important est de ne surtout pas avoir de regrets au terme de cette année. Peu importe le résultat.

La médecine n’est pas une fin en soi. Il existe tellement d’autres métiers formidables! Il faut croire au destin: si cette année a été un échec, c’est que ce n’était pas votre voie. Donc relativisez.

Merci! 🙂

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PACES : Cliquez sur l’image pour lire le livre que j’ai écrit et dans lequel j’explique comment j’ai réussi ma PACES (organisation, méthode de travail, rythme de vie…) en me classant 81ème en tant que primant en Médecine !

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