« La P1, c’est un contrat avec vous-même, pas avec les gens de votre promo, ni avec vos parents. » Samantha Interviews Bienvenue sur ClubMedecine ! Si vous êtes nouveau ici, vous voudrez sans doute savoir si vous êtes fait(e), ou pas, pour les études de médecine ! Cliquez ici pour recevoir le quizSalut Charlotte, Peux-tu te présenter rapidement pour les lecteurs de ClubMedecine.fr? Je m’appelle Charlotte, j’ai 26 ans et je suis étudiante en 6ème année de médecine à la faculté Lyon Sud ! Pourquoi as-tu décidé de poursuivre des études de médecine et d’aller en PACES ? Alors, premièrement, j’ai un parcours un peu atypique par rapport à la grande majorité des étudiants en médecine: j’ai fait un bac ES, parce que, un peu touche à tout, j’étais extrêmement intéressée par l’économie et l’histoire. Ensuite, étant petite, je voulais devenir soit astronaute, soit dessinatrice de BD, soit médecin. Avec un bas ES, astronaute me semblait être un peu mort. Médecine aussi. Le dessin, en revanche, qui était ma passion première, pas du tout. Je me suis donc lancée dans une classe préparatoire en arts appliqués. Pour des raisons personnelles, j’ai passé une année particulièrement horrible pour moi, et même si le dessin fonctionnait très bien, ça a un peu tué ma passion. Pour ces deux raisons, j’ai choisi de me réorienter du tout au tout, et de me lancer en médecine. Peux-tu nous dire quel a été ton classement en PACES? Etais-tu primante ou doublante? Quelle filière as-tu choisi? Je suis passée doublante. Si j’ai raté l’admission en tant que primante à 250 places, mon classement final n’a pas été particulièrement brillant – j’ai fini parmi les derniers. Rétrospectivement, je pense qu’on devrait se ficher un peu du classement tant que l’on a été accepté – c’est tout ce qui compte 😉 Tu as donc choisi d’aller en médecine, qu’est ce qui t’attire dans ce métier? C’est un domaine qui m’avait toujours tentée parce que je suis très curieuse, parce qu’il me semblait d’autant plus important après l’année que j’avais passée en arts appliqués de m’intéresser à l’Humain, et que résoudre les mystères du corps humain me semblait être un superbe challenge. Quelle a été ta plus grosse appréhension avant d’aller en PACES? Ne pas avoir le niveau dans les UE scientifiques, c’est-à-dire un peu toutes les UE, sauf des trucs comme l’anatomie ou les SHS. En ES, à l’époque où j’ai passé le bac, la physique-chimie s’arrêtait à l’instant où la seconde se terminait. Ce n’est donc pas en ES, encore moins pendant mon année d’arts appliqués, que j’avais pu travailler toutes ces choses-là. A Lyon Sud, les tout premiers cours sont une forme de bizutage, avec de la thermodynamique et un cours sur les orbitales. Et le paquet de biochimie. Je me suis sentie particulièrement seule et fichue pendant les premières semaines; la première fois que j’ai pris le bus pour rentrer chez moi, je me suis très sincèrement demandé si j’avais bien fait d’abandonner le dessin, que je maîtrisais, pour les sciences où j’étais réellement à la masse. Avais-tu une tactique particulière vis-à-vis des différentes matières dans la façon de les aborder? Comment faisais-tu pour apprendre tes cours? Je suis partie d’un peu loin. J’ai commencé par essayer d’apprendre les cours, avant de ravaler ma fierté et d’admettre que je n’étais même pas au point sur les notions fondamentales de physique-chimie. Les premiers mois, j’allais en cours, je prenais des notes et je mettais mes cours au propre en rentrant, mais je ne les apprenais pas. J’ai piqué des vieux bouquins de biochimie et de physique ayant appartenu à mon père quand il était étudiant, et je les ai lus à la place. Il y avait plein de petits exercices pour s’entraîner. Je me doutais bien que je n’allais jamais être bonne dans ce domaine, mais un concours ce n’est pas toujours être le meilleur, c’est aussi et surtout être le moins pire parfois 😉 Bref, une fois les bases comprises, je me suis intéressée en particulier aux UE qui me donnaient du fil à retordre. J’ai vraiment délaissé le reste. Je reconnais ne pas être allée en biologie cellulaire, très peu en SHS, etc. C’était bioch et biophy quand je travaillais. Une grosse erreur de ma part pendant la P1 est de ne pas avoir trouvé tout de suite une méthode de travail efficace. Je bossais les cours mais je ne m’entraînais pas. Ca m’a coûté cher la première année, et ç’aurait pu/dû me coûter également très cher la deuxième. #pasrecommandé Pour l’apprentissage des cours lui-même: j’ai une mémoire photographique mais j’ai évité le par cœur comme la peste. Il y a des trucs pour lesquels on n’a pas le choix, mais sinon, je pense que comprendre une bonne fois le cours vaut tous les bachotages du monde! Où travaillais-tu? Chez toi ou à la bibliothèque? Pourquoi? J’ai besoin de changer assez fréquemment de lieu de travail pour aérer mon cerveau et me donner un coup de boost, me stimuler. Donc j’alternais entre chez moi, à la BU, dans les locaux de ma prépa, dans la bibliothèque municipale de l’arrondissement où je vis (particulièrement là)! Mais toujours avec de la musique dans les oreilles. 🙂 C’est bien aussi, je pense, de travailler dans un environnement où il n’y a personne d’autre qui bosse de la médecine. Ca évite de se sentir envahi et en compétition. T’es-tu aidée de livres en particulier durant cette année? Si oui, lesquels? Alors oui : Les vieux livres de physique-chimie de mon père, bref des trucs au papier jauni et gondolé un peu génériques, qui datent réellement d’une autre époque, donc je n’ai pas de références particulières Le bouquin de SHS recommandé par notre fac (même si je n’étais pas fan de l’UE7) Et la collection d’atlas d’anatomie « Kamina », qui sont très bien fichu. Je les empruntais à la BU (bien moins cher !) mais j’ai fini par en acheter 2 parce que ce sont de très beaux ouvrages. Clique ici pour te procurer les Kamina : Anatomie clinique : Tome 1, Anatomie générale, membres Anatomie clinique : Tome 2, Tête, cou, dos Anatomie clinique : Tome 3, Thorax, abdomen Anatomie clinique : Tome 4, Organes urinaires et génitaux, pelvis, coupes du tronc Anatomie clinique : Tome 5, Neuroanatomie Etais-tu une bonne élève au lycée? Penses-tu que la fac est la continuité du lycée ou alors penses-tu que les deux sont deux choses complètement différentes et qu’on repart de zéro? J’étais très bonne élève au lycée; flemmarde mais avec de bons bulletins, et un très bon bac ES. En terme de contenu, avec mon bac, je ne peux rien dire sur ce que je pense d’une continuité lycée/fac. J’ai réussi ma P1 mais je suis toujours la pire des buses en physique, je ne capte rien au programme des séries S. Par contre rien à voir en terme de qualité entre le lycée et la fac. Dans le premier, on retrouve tout ce que je n’aimais pas: les dates-butoir en permanence pour les DS, DM, interros et autres trucs du même genre, bref une autonomie quasi nulle. (Même chose en prépa.) La P1, ç’a été la Liberté avec une majuscule: on sait quand est le concours, à nous de nous débrouiller pour organiser notre emploi du temps. Certains n’aiment pas trop au début, moi j’adore (heureusement que c’est la même chose pour l’ECN!). On ne repart pas complètement de zéro mais on découvre un tout autre mode de travail. J’ai besoin de me sentir libre dans ce que je fais; la fac c’est ça pour moi. Travaillais-tu en groupe? Si oui, pourquoi? Je n’avais rien contre, mais j’ai des troubles de l’attention, et je finissais par déranger les autres en papotant trop souvent. Du coup ç’a été toute seule, d’autant que je n’avais pas du tout le même rythme que mes potes de promo, donc on n’était pas du tout compatibles de ce côté. Dommage, pour le moral c’est pas mal! Peux-tu nous dire comment tu découpais ta journée? A quoi ressemblait, grosso-modo ta journée type? J’avais globalement cours les après-midi, et parfois le matin aussi. J’avais vraiment besoin de sommeil. Je me couchais vers 23h-minuit, je me levais vers 9h. Le matin, je prenais du temps pour déjeuner derrière une série, faire du sport parfois, et je bossais mes cours (ou les bouquins de mon père) pendant 1h30, 2h grand maximum. Mais j’habite à 1h de transports de ma fac, il fallait que je prévoie un peu côté temps. L’aprem, entre 14h et 18h, j’étais dans les amphis. Je mettais une bonne heure pour rentrer chez moi, et je prenais une heure où je mettais mes cours au propre quand il y en avait besoin. Le soir, c’était douche, repas, séries, dessin et musique, Skype avec les amis proches, sorties quand j’avais l’occasion. J’avais vraiment besoin de ce sas de décompression après 2 heures dans les transports pendant la journée. Les weekends c’était un peu différent: parfois j’arrivais à bosser 3 heures par jour, 4 quand j’étais vraiment en forme. Mon seul objectif le weekend était de revoir tous les cours de la semaine, assez rapidement donc, en faisant des micro fiches avec les grandes lignes des grandes notions. J’aimais beaucoup profiter des weekends chez mes parents pour faire du sport (course à pied, randos à vélo). Y’a t-il une méthode secrète pour réussir sa PACES? ☺ Non! Il faut trouver son rythme et sa méthode de travail. Chacun son truc. Si des amis à vous se lèvent à 6h et se couchent à 22h en bossant non stop, certes, c’est flippant, mais je répète: chacun son truc. Moi je ne bossais que très peu: 2h par jour, jamais le matin, jamais entre midi et deux, jamais entre deux cours, jamais après 20h (ou après le repas). J’avais besoin de faire autre chose, de sortir, de faire respirer mon cerveau; mon péché mignon c’était de regarder massivement des séries TV, y compris entre midi et deux à la fac. (J’avais en particulier un certain nombre de problèmes personnels à régler suite à cette année d’arts appliqués absolument catastrophique, d’où un besoin encore accru de me changer les idées. Les séries c’était parfait!) Avec le temps qui est passé, quel recul as-tu sur cette fameuse année de PACES? Bon ou mauvais souvenir? Plutôt bon, voire très bon. Il y a eu beaucoup de stress et de pression par moments évidemment, mais après les arts appliqués, j’ai découvert toutes ces choses qui ont fait que je suis tombée amoureuse de la médecine: des potes de promo avec qui je partageais une vocation, des UE qui m’ont vraiment tapé dans l’œil – même si au début je ne comprenais rien -, un esprit carabin bien loin des balais dans le cul de mon ancienne promo, des profs passionnants et/ou déjantés. Le rythme de travail m’a beaucoup plu également: c’était la liberté. Plus de dates de rendu de projets artistiques abracadabrants, plus de nuits blanches pour finir tel projet de couture ou telle maquette. Je bossais et j’allais au cours quand je le voulais. Je disposais enfin de cette liberté que j’attendais, qu’on n’a ni en P1 ni au lycée. Le fait d’avoir réussi la P1 aide aussi à la convertir en bon souvenir, rétrospectivement. 🙂 Tu vas bientôt passer l’ECN, y’a t-il quelque chose que tu appréhendes en particulier? Suite à un classement au concours blanc national de cette année peu satisfaisant, en raison de faiblesses dans certaines spé (neuro si tu me lis), j’ai demandé à ne pas passer l’ECN cette année mais l’an prochain. Ceci afin de bénéficier d’un peu de temps supplémentaire pour consolider mes connaissances là où ça pêche. Et je vis très bien l’idée de recommencer une D4, car si j’ai extrêmement hâte d’être interne dans la spé de mes rêves, j’adore ce que je fais! La médecine me passionne, mes stages aussi, et je me sens très bien dans ma fac! Un petit mot de la fin? As-tu quelque chose à ajouter ou un conseil à donner pour les futurs étudiants en PACES? Ne vous prenez pas la tête, ne laissez pas votre voisin d’amphi vous faire flipper avec ses 15H de taff par jour. Si ce n’est pas votre façon de fonctionner, ce n’est pas votre façon de fonctionner, point barre. Trouvez la vôtre. Ne laissez pas les gens vous culpabiliser à ce sujet. La P1, c’est un contrat avec vous-même, pas avec les gens de votre promo, pas avec vos parents. Ne faites pas comme moi: entraînez-vous +++ QCM, QCM, QCM et annales, et encore des QCM. Inscrivez-vous au tutorat de votre fac, c’est moins cher que les prépas privées et tout le lobbying qu’elles impliquent. Trouvez-vous des potes dans l’amphi avec qui vous aurez une relation d’échange et de partage, parce que certes, c’est un concours, mais l’entraide c’est primordial. Et faites du sport! Quelques heures par semaine passées à vous défouler, c’est certes du temps en moins sur l’emploi du temps, mais ce sont autant d’heures d’oxygène et d’endorphines en plus pour votre cerveau. Plus utile que du bachotage! Laisser un commentaire Annuler la réponse Votre adresse e-mail ne sera pas publié.CommentaireNom* Email* Site Web